(Chanson en bas de l'article)
Il est extrêmement difficile de faire le choix d'une chanson, une seule, lorsqu'elle fait vraiment partie d'un album. C'est à dire lorsque l'album a un sens précis, une continuité, une cohérence. D'autant plus lorsque le dit album est bon.
Voir, très bon.
Mais on fait avec, on prend sur soi, et on choisit la chanson qui passe le mieux, hors contexte.
Dommage, me direz-vous. Mais vous pouvez acheter cet album, que j'ai laissé trop longtemps sur la touche. 3 mois, même. Pourtant, j'ai été prévenu, on m'avait dit qu'il était bon, et tout, mais nan, je l'avais jamais vraiment "écouté" dans le sens le plus strict du terme.
Je dois avouer que même à l'instant où j'écris ces lignes, je ne sais pas encore quelle chanson choisir. J'hésite entre deux...
Alors, en attendant, je vais, et c'est l'exception qui confirme la règle, vous parler un peu des artistes. En tout cas, d'une anecdote.
Lors de l'enregistrement d'une de leurs chansons, une formidable tempête se leva. Du vent, de la pluie et tutti conti. Pendant 3 jours et 3 nuits, le vent faisait mugir les plaintes et la pluie ruisselait du toit pour aller s'écraser sur le perron, et tout autour de la maison, formant ainsi des douves d'eau de pluie, coupant leur habitation du monde. La maison, dont la cave leur servait alors de studio, était une large bâtisse appartenant à la grand-mère d'un des larrons. D'aucun disent encore qu'elle était... hantée. Mais personne n'eût jamais le courage de vérifier par qui elle l'était. L'enregistrement d'une des chansons se passa normalement pendant la tempête. Mais ils découvrirent quelque chose de surprenant sur les bandes : On n'entendait pas la pluie.
Mais on la devinait.
L'enregistrement possédait une intensité rare, une atmosphère, palpable, lourde de sens, vivante, mouvante. La perte des bandes due à une
erreur technique les fit presque pleurer.
Mais, j'aime à penser, le soir, lorsque la pluie fouette les carreaux de ma chambre, qu'ils avaient réussi à capter un peu de l'
âme qui hantait cette maison, et qu'elle avait finalement réussi à s'échapper, détruisant ainsi son lieu de séquestration : une simple bande magnétique.
Je regrette de ne pas pouvoir mettre l'album en entier en vous faisant croire que ça n'est qu'une seule et même chanson, on m'a toujours appris à ne pas prendre le client pour un con. Dommage.
J'ai choisis Central And Remote. Au début, ça ressemble un peu à
La Bicyclette à Yves Montand.
Mais après, on rentre dans la cour de gros nounours à la sensibilité à fleur de peau. Tous les morceaux de l'album, y compris celui là, fourmillent. D'idée, de sons, de bruits même. Un nombre incommensurable de petits détails qui ajoutent une spontanéité sans égal.
On a l'impression que l'esprit qui habite cette maison s'est finalement glissé dans le magnétophone, un gentil fantôme, ou une pensée, un souffle, un murmure.
Ecoutez toutes les 2emes voix, elles sont sublimes. Si je dois faire un seul minutage, c'est sans aucun doute le plan de notes à la voix, en canon à 2:05 et 2:16.
Comme je l'ai dit, et comme je l'ai vécu, cette (ces) chanson(s) ne sont pas facile d'accès. Mais je vous mâche un peu le travail, j'ai choisi la chanson qui était pour moi la plus facilement appréciable. Allez, c'est cadeau.
J'aime bien la pochette.
Musicalement mis K.O. par 4 gentils grizzlys possédés par un bel et fantasmagorique esprit malin.
Hadrien